- REQUIEM (musique)
- REQUIEM (musique)REQUIEM, musiqueDu point de vue formel, la messe de requiem suit l’évolution générale de la messe en musique. La première œuvre d’importance, le Requiem pro defunctis de Guillaume Dufay, chantée pour ses propres funérailles (1474), est perdue. Au cours du XVIe siècle s’épanouit le requiem polyphonique, soucieux de plastique et de recueillement plus que d’expressivité littérale, avec les messes de Palestrina, Roland de Lassus, Morales (sans oublier celle de Jacques Mauduit, chantée à la mort de Ronsard et dont ne subsiste plus qu’une admirable page): on sent pourtant que le mot à mot du texte ne laisse pas les musiciens indifférents, par une plus grande recherche expressive qu’il n’est habituel dans la polyphonie de ce temps. La messe de Victoria est particulièrement soucieuse de pathétique. L’évolution du genre se manifeste dès les premières années du XVIIe siècle, si sensible au sentiment dramatique de la mort (dans l’œuvre d’Orazio Vecchi, par exemple). La naissance de l’opéra, de la cantate et de l’oratorio, d’une manière générale l’apparition du style récitatif et expressif modifient profondément le genre. Les versets successifs sont confiés à différentes formations, solistes et chorales, en fonction du sens, et le mot à mot du texte donne lieu à des transcriptions expressives: le requiem s’oriente vers la cantate, parfois même la tendance à la dramatisation en fait un oratorio. Pourtant, Cavalli écrit encore au milieu du siècle une œuvre à huit voix sur les thèmes du plain-chant. Le Dies irae de Lully sera autrement théâtral. Au XVIIIe siècle, le Requiem de Mozart (1791) est le plus célèbre, par la fausse légende biographique qui le dramatise à tort autant que par sa beauté propre; inachevé, il a été terminé par Süssmayr, élève consciencieux auquel le scrupule ne confère nul génie. Il ne doit faire oublier ni les Requiem de Gilles et de Caldara, ni surtout celui de Michael Haydn (1771), vaste cantate sacrée pour solistes, chœurs et orchestre. Le Requiem de Cherubini (1817) demeure relativement traditionnel.Avec le romantisme, qui donne à la mort la place qu’on sait dans son lyrisme, le genre du requiem connaît ses plus nombreuses et ses plus amples créations, faisant souvent éclater le cadre liturgique de la destination originelle. Deux tendances se distinguent nettement: la tendance recueillie et sereine de Gounod (1842), de Liszt (qui a écrit deux Requiem , tous deux élégiaques et pacifiés) et surtout de Gabriel Fauré (1888); la tendance dramatique, proprement romantique, qui inspire notamment trois chefs-d’œuvre, celui de Berlioz (1837) à l’orchestration magnifique et très neuve, celui de Dvo face="EU Caron" シák (1890) dont la puissante originalité plie le texte latin à un traitement typiquement slave, et celui de Verdi (1874) au souffle grandiose et lyriquement véhément. Bien plus proche de la seconde tendance que de la première, Ein Deutsches Requiem de Brahms (achevé en 1868) est une admirable cantate qui n’utilise pas la liturgie latine mais une paraphrase biblique en allemand. Au XXe siècle, le genre n’est pas délaissé malgré l’intimidante profusion des chefs-d’œuvre du XIXe; le Requiem de Duruflé (1947), profondément religieux, fait retour aux sources grégoriennes. Ligeti compose, entre 1963 et 1965 un Requiem . Penderecki écrit en 1966-1967 un impressionnant Dies irae à la mémoire des martyrs d’Auschwitz et, en 1980, un Requiem polonais , remanié en 1993.
Encyclopédie Universelle. 2012.